Le Fleuve des brumes by Valerio Varesi

Le Fleuve des brumes by Valerio Varesi

Auteur:Valerio Varesi
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Agullo
Publié: 2016-04-15T00:00:00+00:00


Mantoue lui apparaissait chaque fois comme une terre émergeant d’un vaste marécage. D’après une rumeur, là les tombes ne dépassaient pas un mètre de profondeur pour ne pas ensevelir les morts dans l’eau. D’autre part, cela lui semblait assez paradoxal que, avec toute cette plaine à disposition, on entasse les défunts les uns sur les autres comme les meules de parmesan.

Il demanda des renseignements sur la section San Pellegrino. Il s’agissait d’une aile abandonnée récemment, ornée de marbres encore luisants et de cascades de fausses fleurs. Il pensa que, alors même que son métier le mettait souvent en relation avec les morts, c’était la première fois qu’il enquêtait dans un cimetière. Il devait s’occuper de l’aspect le plus cruel de la mort, jamais de son apparence apaisée et silencieuse. Les cadavres criaient toujours dans leurs poses désarticulées. Et un commissaire était appelé à exercer la vengeance de la loi. Une fois les affaires classées, il n’avait jamais eu l’occasion d’aller voir ce qu’étaient devenues les victimes, celles dont il avait fouillé la vie avec la méticulosité irrespectueuse des enquêteurs.

Lorsqu’il arriva devant la stèle en marbre poli sans noms ni dates, il hésita entre la stupéfaction et la déception, comme la fois où il avait dû tirer et que son pistolet s’était enrayé. Il avait trouvé une sépulture vide. Et près d’elle, une autre identique. Il contrôla à nouveau le carré E, la troisième rangée, le numéro 32 : le jeu de mots croisés avec les morts le conduisait toujours au même résultat, dans cet endroit vacant de l’au-delà. Puis il regarda à côté et devina la solution comme on devine un mot à partir de ses initiales. Il y avait la photo d’une femme à l’allure sévère : « Desolina Tonna veuve Magnani ». Et au-dessous : « Ton époux, ta fille et tes frères. »

Il franchit la porte de la direction juste avant la fermeture. L’employé au guichet des renseignements était assis devant l’écran d’un ordinateur sur lequel le commissaire vit, en jetant un regard oblique, un jeu électronique. C’est là que l’on pouvait demander où résidaient les morts. Mais ceux que Soneri cherchait ne résidaient peut-être pas encore dans le cimetière. Pas pour longtemps, probablement.

« Je voudrais savoir à qui appartiennent les sépultures 32 et 33 du carré E, troisième rangée, section San Pellegrino. »

Il savait que l’employé invoquerait des raisons de sécurité pour rejeter cette demande. C’est pourquoi, avant que l’homme ne puisse répliquer, il montra sa carte de police.

L’homme sembla ravaler les mots qu’il allait prononcer et se mit à taper sur le clavier.

« Le numéro 32 a été acheté par Decimo Tonna, le 33, par Anteo Tonna. »

C’était tout ce qu’il voulait savoir.

Il ne retourna pas à la préfecture. Dès qu’il eut passé le Pô, sur le pont de Casalmaggiore, il tourna vers la route qui longeait le cours du fleuve sur la rive émilienne. Et au moment où il descendit de voiture, Juvara l’appela sur son portable.

« Le mot était une menace, dit-il à son assistant.



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